" Je suis de la race des guerriers, ils peuvent me tuer
Le 9 octobre 1988: Un gendarme lui tire à bout portant cinq balles de Kalachnikov. Le 6 août 1990: Il est poignardé dans l'enceinte même d'une brigade de gendarmerie. Le 25 septembre 1994: Il est enlevé par le GIA. Il est jugé et condamné à mort. Le 25 juin 1998: "Ils" l'ont assassiné. Né le 24 janvier 1956 à Taourirt Moussa - Tizi Ouzzou. Auteur et compositeur de l'intégralité de son oeuvre. Matoub a débuté sa carrière professionnelle en 1978 par l'enregistrement d'un premier album " izem " (le lion) chez Agraw, édition dirigée à cette époque par le chanteur Idir. Son oeuvre se compose pour l'essentiel de chansons engagées à la cause de la revendication identitaire amazighe, et aux valeurs démocratiques. Chaque chanson touche à une plaie dans la politique ségrégative de la junte arabo-islamiste au pouvoir. Défenseur farouche de la langue et de la culture amazighe, Matoub n'a jamais hésité de manifester sa rébellion face aux thèses des intégristes islamistes et à dénoncer la politique d'arabisation forcée de l'école, de l'administration et des médias publics. Un militant exemplaire. " Le berbère, ma langue est interdite. Alors, chaque fois que je parle dans ma langue, c'est comme un acte de résistance " L. Matoub Pionnier du Mouvement Culturel Amazigh, et principal animateur du Printemps Berbère en octobre 1988. Plusieurs fois interdit de rentrer en Algérie. Souvent arrêté et relâché par la sécurité militaire, interdit d'antenne à la télé et à la radio... En 1988, L. Matoub avait été fusillé et grièvement blessé par cinq balles à un barrage de gendarmerie, parce qu'il transportait des tracts appelant la population à la vigilance. L. Matoub, est le principal initiateur en 1994 de la grève dite " des cartables " pour exiger la reconnaissance et l'enseignement de tamazight.
Awal a mazigh, ete meqqure te zmert.
"Ta mazight, tutlayt ènew, ete etu gdele. Awal agi a zedgan, es e essenegh ad e sawelegh, wenna ette meslayegh 'eg tugheeshe ènew, awal ey skeren deg-i a shennay, ur et ete hmèle Dzayer. Et deggere et, ur et ete äckèze, ur ye ellèe 'eg tinmeel. Ugar: ghur u neghlaf en u sgem a ghelnaw, awal agi ur ye ellèe, meqqar ne eggee attas en i melyunen ey sawêlen es y iles a mazigh. Ihi, yal tikkeelt 'eg e sawelegh es y iles ènew, amzun e skeregh igi a nezbay.
Awal ennegh aey eggeen tudert ennegh: skud et ee deggeren, skud ne ette ackeye ugar ed te moust ennegh. Kud ee rezzseen tutlayt ennegh, skud ete ette mghure deg-negh te zmert ed te megla. Awal a mazigh e ekkusegh et ghur yemma, netta dee iman ènew. Tutlayt agi ete ädjee-yi dee a rgaz, nettat ae' es ette waregeegh ig dee sflèdegh ie tugheeshe ed te nfousen. Tutlayt-a ete elee atig meqquren. Atig en te wengimt ge ghebuen attas, zun dee timuzgha ed ennif, a serhu ed el-herma, ta numi... ayen akw es ye etu essene u ghref ennegh 'eg u mezrouy. Ee ereen ad deg-negh ee ckrezen atigen ur ey eggèen wiennegh. Ee ereen ad agh ee eqqenen schil-agh gher te rseele ed te mniren ur ge eggèen tinnegh. Neckkwni ne deggere ètent, ur ne ette ughale ara deffer". Lounes Matoub
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" Le poète comme un boxeur " K. Yacine
Le 25 septembre 1994, juste après la quatrième semaine de grève des écoliers, L. Matoub a été enlevé et détenu pendant deux semaines par un groupe armé islamiste. Il sera libéré le 10 octobre 94 suite à la solidarité et la mobilisation de toute la Kabylie annonçant la " guerre totale " à ceux qui le détenaient. Cette libération avait soulagé les organisations des Droits de l'homme et l'opinion publique internationale.
" Si ce sont les balles qui tuent, je ne suis pas mort " L. Matoub
- Le 18 janvier 95, Lounès Matoub publie en France "Rebelle", récit de son enlèvement, et donne un double récital au Zénith le 28 janvier 95.
- Quatre ans plus tard, le 25 juin 1998, le chanteur a été assassiné par les ennemis de la démocratie et de la culture amazighe.
- Le 28 juin, plusieurs milliers de personnes ont assisté à l'enterrement du poète devant sa maison dans son village natal au milieu des sanglots et aux cris de " pouvoir assassin ", " non à l'arabisation", " vous n'aurez pas sa voix"...
- Le 30 juin 98, le GIA revendique l'assassinat de Lounès Matoub, l'une des personnalités les plus symboliques de la culture amazighe.
Les symboles ne meurent jamais.
La sauvagerie des groupes armés terroristes, et l'incompétence complice d'un pouvoir archaïque et anti-amazigh, basculent le pays dans l'horreur en tuant un des défenseurs les plus convaincus de la démocratie, de la culture et de la tolérance... Mais, sa voix ne sera jamais réduite au silence.
Le 5 juillet 1998, jour qui coïncide avec la rentrée en vigueur d'une loi raciste généralisant l'utilisation forcée de la langue arabe, un nouveau compact disque de Matoub sort en France et en Algérie pour rappeler aux ennemis de la sagesse que les poètes ne meurent jamais. " Chante Matoub, chante! "
Lounès Matoub, symbole de la résistance pacifique de tout un peuple, a donné sa vie pour défendre une culture... Son combat est noble. Sa voix résonnera toujours dans nos coeurs.
Matoub ye eddere.
Ckra ulash et ye ellee, ckra ye ellee ulash et. Itree deg igennae en i mazighen, ta rseelt en u mussu a mazigh... Ye efcka iman enes dee a sfeel ie tudert en i mazighen, ie tugdut, tilelli ed te mazight. A mezwaru deg u mussu en tirrugza, ye swee u ackal en ktuber es idammen enes ghef tudert en u gdoud en i mazighen... Ee ekkesen et i derghalen i neslamen, ed i kushamen aaraben. Ee xsen ad ye smadte u awal enes... Masha, ete rnue timesse ie tugheect enes. Deg u bried ennegh, ad ne essigh tafat enes. A safu en i mazighen ... ta msirt en tirrugza. Ass en te mettant enes dee ass en te lalit enes... Tugheesht en Lounes ad ete sherreg igennae, arrash enes ad ee rezsen a zaglu, ee aweyen edd tilelli, tugdut akwed te mazight. A safu en i mazighen ... Ta msirt en te grawla. Matoub Lounes ye eddere! Ur ye emmut ! Dayen! ekkere! Ta mazight negh a zsekka. Wagi dee a bried en tirrugza.
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